La préparation à l’accouchement : l’haptonomie

35 ans de pratique obstétricale, des milliers de bébés accueillis : le Docteur Jean-Claude HURET aujourd’hui à la retraite continue à faire partager son expérience de l’haptonomie notamment au Centre hospitalier du Belvédère. Il présente ici en quelques mots l’intérêt de l’haptonomie.

« L’accompagnement périnatal haptonomique a pour projet d’inviter les parents (mère et père) à communiquer avec leur bébé in utero. Deux questions se posent d’emblée : Est-ce possible et s’agit-il d’une véritable communication ? Pourquoi vouloir communiquer avec le bébé avant sa naissance ?

Le bébé est en capacité de communiquer parce que le développement sensoriel se fait tôt pendant la grossesse : tous les organes des sens fonctionnent dès cinq mois. A ce terme, le bébé n’est pas enfermé dans sa boîte, mais perçoit maintenant son environnement : les voix, les sons, le bercement quand sa mère marche, le contact des mains sur le ventre et aussi les émotions de sa mère (joyeuses ou tristes.)

De plus, ces sensations s’inscrivent dans un cerveau lui aussi fonctionnel : en fin de grossesse, le bébé a déjà une histoire (il ne nous la racontera pas parce que c’est de la mémoire inconsciente), avec laquelle il va poursuivre son expérience de vie pendant l’accouchement et après sa naissance.

La sécurité affective

Nous invitons les parents à se rencontrer intimement autour de leur bébé et à le contacter avec attention et tendresse (c’est le contact psycho-tactile). Comme après sa naissance avec le câlin, le bébé apprécie puisqu’il perçoit par ce geste l’amour de ses parents. Comme après sa naissance il leur sourit quand ceux-ci lui parlent en croisant son regard, pendant la grossesse il va répondre en se manifestant et confirmer le contact.

Nous disons ainsi que, par ces rencontres quotidiennes, nous installons la sécurité affective. La sécurité affective, pour le bébé, c’est cette confiance absolue (présence affective de ses parents) qui lui donne envie de vivre.

Cette rapide présentation ne peut rendre compte de la réalité. L’haptonomie périnatale n’est pas une petite pratique sympathique qui fait des petits bonjours à bébé. L’expérience nous montre l’importance de ce qui se passe. Le bébé est d’une rare compétence pour percevoir son environnement et la qualité de présence de ses parents. Avec l’habitude, il réagit tout de suite. Sa subtilité est surprenante. Etant en lien permanent avec sa mère, il réagit à ses émotions. Des mères disent « il suffit que je pense à lui, il se manifeste » ou « quand mon mari arrive et qu’on se dit bonjour » ou « quand il lui parle près de mon ventre, il bouge ».

Le père qui investit et qui fait l’expérience est déjà dans son rôle de père : « le bon père, disait Françoise Dolto, est celui qui rend maman heureuse ». C’est évident que c’est vrai, et c’est déjà vrai pendant la grossesse : si la femme vit celle-ci dans la sérénité et peut-être le bonheur, le bébé en profite déjà dans l’installation du bien-être (le plaisir d’être ensemble). Quand les femmes sont au travail ou s’investissent dans une autre activité, les bébés attendent, bougent peu ou pas (sans doute dorment-ils). Quand elles redeviennent disponibles, ils arrivent et bougent (désir de rencontre). Grâce à l’accueil qu’on leur offre aujourd’hui à leur naissance, les bébés ne pleurent plus : quelle merveille de constater qu’on peut naître dans le calme, que la naissance n’est probablement pas un traumatisme pour le bébé quand il est accompagné et accueilli.

Après la naissance

La naissance est en même temps une rupture de liens et une continuité quand la grossesse a déjà créé des liens affectifs. Bien des femmes font de l’haptonomie sans le savoir quand il existe déjà cette ambiance autour de bébé : nous ne faisons que souligner cette réalité et l’approfondir (avec en particulier la pratique de la communication, de la qualité de présence et aussi avec une meilleure prise de conscience de ce qui se passe).

Nous continuons l’haptonomie en post natal. Il est tout à fait important que la mère ne soit pas trop fatiguée, qu’elle ait confiance en elle, qu’elle se retrouve dans le calme et, si possible, avec un certain bonheur (le bien-être du bébé est en relation avec le plaisir d’être ensemble).

Un bébé qui va bien, grâce à cela, ne pleure pas beaucoup (un peu quand même, bien sûr), mange, dort, et fait des sourires. Le père, toujours présent et attentif, favorise tout cela.

Il s’est établi des bases sans doute importantes pour démarrer dans la vie, prendre confiance et expérimenter le goût de vivre. La vie est difficile (en particulier pour le bébé). Il est important que les adultes les aident à s’installer, grandir et s’épanouir.

Ce n’est qu’ainsi que la vie est belle. »

Dr Jean-Claude HURET
Auteur de «Naissance, paroles d’un obstétricien»,
aux éditions Desclée de Brouwer

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